Historique

Poussé par son engagement à remplir son rôle de centre d'échange avec un meilleur partage des données, le NCMEC a produit un rapport public sur lesdonnées de la CyberTipline chaque année depuis 2019. Les informations partagées par le NCMEC dans ces rapports comprennent des chiffres tels que :

  • Nombre total de signalements reçus par la CyberTipline, à l'échelle mondiale
  • Nombre total de signalements reçus par la CyberTipline, par pays ou juridiction
  • Nombre total de signalements reçus par la CyberTipline, par plateforme en ligne
  • Nombre total de signalements reçus par la CyberTipline, par type d'incident signalé
  • Nombre total de fichiers signalés, par type de fichier (tel qu’image, vidéo, et autres)

Le NCMEC a également mis en évidence certaines tendances qui ressortent des rapports de la CyberTipline, notamment l'augmentation significative des signalements de sollicitation en ligne, l'émergence de matériel génératif d'intelligence artificielle pour les abus sexuels d’enfants, et l'impact des signalements « informatifs » qui ne contiennent pas suffisamment de détails pour permettre aux forces de l'ordre de protéger les enfants victimes et d'enquêter sur les auteurs d'infractions.

Par l'intermédiaire de la Global Platform for Child Exploitation Policy, le NCMEC met désormais à disposition des données supplémentaires dans un format plus détaillé, afin que les parties prenantes du monde entier puissent en tirer des enseignements et ainsi soutenir leurs objectifs spécifiques en matière de programmes et de plaidoyer.

Définitions

Il est essentiel de bien comprendre les points de données et les termes relatifs à la CyberTipline pour pouvoir utiliser de manière réfléchie et efficace les données mises à disposition par la Global Platform for Child Exploitation Policy. Les parties prenantes doivent consulter la section « Définitions des données » de la plateforme et s'assurer qu'elles utilisent et comprennent les données du NCMEC conformément aux définitions qui y sont décrites.

Le nombre ou le volume de signalements reçus par la CyberTipline résultant d'une requête donnée (que ce soit par pays, par plateforme de signalement en ligne, par type d'incident, ou autres) doit être considéré comme ne représentant que le niveau de signalement. Plus précisément, le volume des signalements de la CyberTipline n'est pas :

  • une mesure de la prévalence de certains types de délits ;
  • un indicateur du nombre d'enfants victimes d'abus ou d'exploitation ;
  • le nombre d'images ou de vidéos de CSAM trouvées en ligne ;
  • le nombre de dossiers ouverts ou faisant l'objet d'une enquête par les services répressifs ; ni
  • un indicateur global de l'ampleur (ou pas) de l'exploitation sexuelle des enfants en ligne sur une plateforme ou dans une juridiction donnée.

Pour mieux comprendre la façon d'interpréter les données du NCMEC, consultez les descriptions de données associées à chaque type de données sur la page « Data Insights » de la Global Platform for Child Exploitation Policy.

Le NCMEC encourage les parties prenantes à demander des éclaircissements sur les données de la CyberTipline et/ou leur signification en envoyant un courriel à cybertipline@ncmec.org pour obtenir de l'aide.

Opportunités

En utilisant la page « Data Insights » de la plateforme, les utilisateurs peuvent accéder aux données relatives à la CyberTipline concernant le volume de signalements, les dossiers déposés, les juridictions impliquées, les types d'incidents, les plateformes de signalement en ligne, et d'autres détails. Cette présentation plus détaillée des données permet d'obtenir des informations au niveau juridictionnel, disponibles pour la première fois auprès du NCMEC et uniquement par l'intermédiaire de la Global Platform for Child Exploitation Policy.

Ces informations peuvent s'avérer utiles pour informer les politiques ou les législations propres à une juridiction, comparer le volume de signalements entre les plateformes en ligne d'une juridiction donnée, comprendre les difficultés rencontrées par les forces de l'ordre en raison de certains types de signalements, etc.

Les statistiques de la CyberTipline peuvent également être combinées avec des données externes pour créer des informations encore plus personnalisées.

Exemple : Calcul d'un taux de signalement

Diverses parties prenantes citent fréquemment le nombre total annuel de signalements effectués auprès de la CyberTipline — plus de 36,2 millions de signalements en 2023 — dans des communiqués de presse, des messages sur les médias sociaux et d'autres documents de sensibilisation. Les gouvernements nationaux communiquent parfois les chiffres enregistrés dans leur pays, en utilisant soit les chiffres publiés par le NCMEC, soit leurs propres données internes.

Si les rapports annuels du NCMEC sont utiles pour comprendre sa mission et son rôle dans le fonctionnement de la CyberTipline, les totaux par juridiction n'ont qu'une utilité limitée pour comprendre les défis auxquels sont confrontées les parties prenantes dans le monde entier. Les totaux par juridiction ne révèlent que le nombre de signalements — de tous types, de toutes sources, avec des niveaux de détail très variés — que le NCMEC reçoit pour une juridiction particulière. Par exemple, comme les signalements de la CyberTipline sont structurés de manière à respecter les lois américaines, leur contenu peut ne pas correspondre aux seuils légaux ou politiques d'application de la loi dans une autre juridiction. En outre, les chiffres totaux (tels qu'ils figurent dans le rapport annuel du NCMEC) incluent les signalements « informatifs », qui ne contiennent généralement pas suffisamment d'informations pour assurer la protection des enfants victimes ou les enquêtes des forces de l'ordre.

Même sans l'accès élargi rendu possible grâce à la Global Platform for Child Exploitation Policy, l'analyse des données de la CyberTipline en même temps que d'autres ensembles de données permet d'obtenir des informations plus utiles. En analysant les chiffres totaux des signalements et les estimations de la population, il est possible de calculer un taux de signalement afin d'obtenir une plus grande clarté et des comparaisons plus significatives entre les juridictions.

Prenons l'exemple de l'Inde et du Bangladesh. L'Inde a toujours occupé la première place en ce qui concerne le nombre de signalements, notamment en 2023, lorsque la CyberTipline a reçu 8,9 millions de signalements pour l'Inde. Ce nombre phénoménal de signalements représente vraisemblablement un défi de taille pour les services répressifs indiens chargés de les évaluer et d'y donner suite. Dans le même temps, la CyberTipline a reçu 2,5 millions de signalements en 2023 pour le Bangladesh voisin. Un observateur non averti pourrait rapidement interpréter cette comparaison comme indiquant une charge de travail, en termes de signalements à la CyberTipline, plus importante pour les forces de l'ordre indiennes que pour les forces de l'ordre bangladaises. Toutefois, si l'on calcule le nombre de signalements par millier d'habitants, le tableau diffère : après ajustement en fonction de la population, le nombre de signalements reçus par le Bangladesh est plus de deux fois supérieur (14,55 signalements par millier d'habitants) à celui de son voisin plus vaste, l'Inde (6,3).

Les chiffres de la population permettent de calculer le taux de signalement, qui peut être étudié en fonction d'autres facteurs qui peuvent eux-mêmes s’avérer utiles de prendre en compte si l’on souhaite évaluer l'impact des signalements de la CyberTipline dans certaines juridictions. Par exemple, le taux de signalement de Singapour en 2023 était d'environ 6,22 pour 1000 habitants ; le Sri Lanka a un taux similaire de 6,19. Cependant, la Banque mondiale considère Singapour comme un pays à « revenu élevé », tandis que le Sri Lanka fait partie du groupe à « revenu moyen inférieur ».

Pays Population Signalements CyberTipline (2023) Signalements/1000 habitants Groupe de revenu Banque mondiale
Bangladesh 171,186,372 2,491,000 14.55 Revenus moyens inférieurs
India 1,417,173,173 8,924,000 6.30 Revenus moyens inférieurs
Singapore 5,637,022 35,000 6.22 Revenus élevés
Sri Lanka 22,181,000 137,000 6.19 Revenus moyens inférieurs

Bien que leurs taux de signalement soient très similaires, Singapour (grâce à ses ressources financières) dispose probablement d'une plus grande capacité que le Sri Lanka pour répondre aux signalements reçus par la CyberTipline.

Les défis en matière de capacité peuvent alors apparaître évidents en ce qui concerne le nombre de personnes chargées de l'application de la loi, des poursuites ainsi que du personnel judiciaire responsables de la lutte contre les crimes envers les enfants, et plus particulièrement du traitement des signalements auprès de la CyberTipline, de même que les ressources gouvernementales affectées à ces personnes pour soutenir leur travail, notamment la formation et le développement de l'expertise par le personnel affecté, etc. Une analyse réfléchie des données du NCMEC parallèlement à ces sources de données supplémentaires permettra aux parties prenantes (y compris les décideurs politiques, les législateurs et les organisations de la société civile) de plaider plus efficacement en faveur de changements qui peuvent contribuer à accroître les capacités là où les besoins existent.

En comparant les statistiques de la CyberTipline à celles d'autres ensembles de données, les parties prenantes peuvent obtenir des informations personnalisées sur les préjudices, les juridictions et les questions qui les intéressent le plus. Ces informations, parmi d'autres, peuvent aider les parties prenantes à prendre des décisions plus éclairées pour faire avancer la programmation et le plaidoyer.

Visualisations de données

Les parties prenantes peuvent utiliser les données du NCMEC et d'autres sources pour créer des graphiques, des diagrammes et d'autres visualisations personnalisés afin de soutenir leur travail. Par exemple, ces cartes choroplèthes montrent les différences entre le volume et le taux de signalement de la CyberTipline :

Si l'on considère uniquement le nombre de signalements reçus par la CyberTipline pour une juridiction donnée, l'Inde, les Philippines, le Bangladesh et l'Indonésie apparaissent en plus foncé sur la carte (les chiffres étant les plus élevés) et on pourrait penser que la charge qui pèse sur les services répressifs est plus importante que dans d'autres pays.

Toutefois, la carte des signalements à la CyberTipline pour 1 000 habitants révèle que, si l'on tient compte du taux de signalement, la charge pesant sur l'Inde est moindre que ce que le volume brut aurait pu laisser supposer, et que 45 autres pays affichent des taux de signalement plus élevés — et des charges de travail de la CyberTipline proportionnellement plus importantes — que l'Inde, en dépit du fait qu'ils aient reçu moins de signalements dans l'ensemble.

Conclusion

L'analyse des données de la CyberTipline avec les estimations démographiques et les indicateurs économiques n'est qu'un exemple des différents enseignements que l'on peut tirer de l'examen des interactions entre divers ensembles de données. Les ensembles de données susceptibles de fournir d'autres informations lorsqu'ils sont analysés en même temps que les données de la CyberTipline comprennent entre autres :

  • l'estimation de la base d'utilisateurs ou de la part de marché des plateformes en ligne au sein d'une juridiction donnée (une plateforme en ligne donnée présente-t-elle des taux de signalement anormalement élevés ou faibles compte tenu de sa base d'utilisateurs au sein d'une juridiction particulière ?)
  • la pénétration de l'Internet, ou le pourcentage d'une population ayant accès à l'Internet (les taux de signalement apparemment élevés ou faibles correspondent-ils aux taux d'accès à l'Internet dans une juridiction particulière ?)
  • la pénétration du mobile, ou le taux d'utilisateurs au sein d'une population qui utilisent des appareils mobiles pour accéder à des services en ligne (les taux de signalement sont-ils en corrélation avec l'accessibilité à l'Internet par le biais d'appareils mobiles ?)
  • la compétence linguistique au sein d'une population (les taux de signalement pour diverses plateformes sont-ils en corrélation avec la compétence d'une population dans une langue donnée ?)

Le NCMEC encourage les parties prenantes à analyser de manière réfléchie et créative les données accessibles via la Global Platform for Child Exploitation Policy afin d'identifier des corrélations, d'effectuer des comparaisons significatives, de générer d'autres informations personnalisées et de soutenir les efforts mondiaux de programmation et de plaidoyer visant à lutter contre l'exploitation sexuelle des enfants en ligne. Ce faisant, il est conseillé aux parties prenantes de veiller à décrire avec précision les données du NCMEC afin d'éviter les affirmations incorrectes et les interprétations erronées.